Parmi les crises humanitaires dont les médias font peu de cas de figure, celle des réfugiés rohingyas, cette minorité musulmane apatride fuyant un Myanmar en proie aux violences. À des milliers de kilomètres de distance, tant géographique que culturelle, un musée québécois a puisé courage et inspiration dans ce drame humain pour concevoir un projet qui touche droit au cœur.

Véritable valse entre les réalités quotidiennes des réfugiés du camp de Kutupalong et les fantômes vivants d’une population en exil, cette exposition multidisciplinaire propose une myriade d’images et d’ambiances sonores déployées dans les cellules d’une prison patrimonialisée. Avec finesse et sensibilité, s’ajoutent les œuvres des cinéastes Mélanie Carrier et Olivier Higgins, les photographies de Renaud Philippe et les dioramas de Karine Giboulo. Devant une telle charge symbolique, impossible de rester insensible aux dessins d’enfants rohingyas, aux poèmes du réfugié Kala Miya et à tant de témoignages à la fois poignants et porteurs d’espoir.

En écho à la démarche profondément humaniste sur laquelle elle repose, l’exposition est gratuitement pendant un an dans le but avoué de favoriser la participation citoyenne et le sentiment d’appartenance.

Ainsi, pour son caractère collaboratif pleinement assumé tant à l’interne qu’avec l’externe du musée, pour un ancrage exemplaire dans la communauté à toutes les phases de réalisation, pour un projet à échelle humaine qui a poussé la médiation communautaire à sa plus noble expression, le coup de cœur du jury est remis au Musée national des beaux-arts du Québec pour son magnifique projet Errance sans retour.