Cri d'alarme des musées
Des représentants des musées du Québec ont tenu, ce matin, une conférence de presse à Montréal, pour faire état de la situation précaire dans laquelle ils vivent. À la ministre de la Culture et des Communications, Madame Maltais, et au gouvernement québécois qui s'apprête à adopter une politique muséale réclamée depuis plus de 12 ans, les musées demandent l'assurance d'obtenir les moyens financiers nécessaires pour assurer la viabilité de leur réseau.
Rappelons que cette conférence de presse organisée par la Société des musées québécois survient après une campagne de lettres d'appui menée par les musées et leurs partenaires (municipalités, Sociétés d'histoire, Chambres de commerce, etc.). Près de 400 lettres ont ainsi été expédiées à la ministre et aux députés leur demandant une politique muséale et l'ajout de 18 millions de dollars dans le réseau muséal. Pour la présidente de la Société des musées québécois, madame Hélène Pagé, «les musées ont plusieurs vertus dont celle de la discrétion et de la patience mais l'une et l'autre ont leurs limites et cette fois, le réseau les a atteintes».
Les témoignages des représentants des musées ont largement fait écho aux consultations qui ont eu lieu en décembre dernier, notamment en ce qui a trait à la précarité des 6 000 emplois du réseau : trop souvent des emplois saisonniers ou tributaires de programmes d'employabilité, payés au salaire minimum et sans avantages sociaux. Les représentants des musées ont déploré que cette situation conduise fréquemment à l'épuisement des permanents en poste et surtout, que cette tendance finisse par constituer le modèle de gestion opérant dans les institutions muséales, faisant fi de la juste valeur des compétences et des expertises des professionnels du réseau.
Les témoignages ont aussi fait état de graves carences dont souffre le réseau muséal : sous-développement des institutions à caractère scientifique et technologique, sous-développement des institutions de taille intermédiaire et, quant à la réalisation de leurs fonctions de base, les budgets dont disposent les musées pour les acquisitions, la recherche et la conservation sont à ce point déficients que des biens patrimoniaux quittent le Québec, faute d'avoir l'argent pour s'en porter acquéreurs. Avec toutes ces lacunes, ce sont des pans complets de son histoire dont la population est privée et dont nous ne pourrons, collectivement, conserver les traces et la mémoire.
Enfin, le boycottage des activités parascolaires, l'automne dernier, a démontré clairement la fragilité du réseau. Nonobstant le geste positif de la Ministre pour récupérer une partie des pertes financières encourues par ce boycottage, la baisse de fréquentation des groupes scolaires a eu pour effet de lourdes répercussions financières mettant en péril l'un des volets essentiels des musées, leurs services éducatifs. Les éducateurs des musées ont un rôle primordial et vital dans la diffusion de savoirs en histoire, en sciences, en arts, en archéologie, etc. et grâce aux programmes éducatifs et culturels qu'ils mettent en œuvre dans les musées, les jeunes peuvent accéder à la culture sous toutes ses formes et développer à son égard un sentiment d'appartenance et une ouverture aux autres.
«Je me plais à imaginer une société où l'État investirait de façon importante dans la culture dont font partie les musées; il y aurait certainement moins de détresse psychologique, plus d'espoir et moins de décrochage. Parce que les créateurs, incluant les musées, produisent et portent du sens dans une société qui en a besoin», a souligné la porte-parole de la Société des musées québécois, Madame Pagé. Il apparaît donc essentiel qu'après tant d'années d'attente et de sous-financement, les institutions muséales du Québec se voient doter non seulement d'une politique adéquate mais également des moyens financiers permettant sa pleine application. La Société des musées québécois est confiante que la ministre de la Culture et des Communications comprendra l'urgence et la gravité de la situation.
Pour consulter le texte de l'allocution d'Hélène Pagé présentée à l'occasion de cette conférence de presse.
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