La Société des musées québécois décerne ses Prix 2011
À l’occasion de son congrès annuel, la Société des musées québécois (SMQ) a procédé à la remise de ses Prix qui récompensent annuellement des membres et des projets qui se sont démarqués dans le milieu muséal au Québec.
PRIX CARRIÈRE : HÉLÈNE PAGÉ
Le Prix Carrière 2011 de la SMQ a été décerné à Hélène Pagé. Formée en pédagogie à l’Université Laval et passionnée par la culture, sa carrière débute dans l’enseignement et se poursuit rapidement vers le milieu culturel. Dès 1974, elle occupera diverses fonctions dans des programmes d’aide aux créateurs au ministère des Affaires culturelles. Elle a contribué, entre autres, à la mise sur pied du Secrétariat du programme d’intégration des arts à l’architecture, communément nommé le 1 %. En 1988, elle quitte la fonction publique pour exercer le poste de chargée de projets culturels au sein du Service de l’animation culturelle du Musée de la civilisation dirigé par Roland Arpin. De part sa réflexion et ses actions, la lauréate a participé pleinement à la définition de l’identité de ce premier musée d’État du Québec à revendiquer l’appellation de « musée de société ». En 1990, elle opère un changement significatif en modifiant l’appellation d’animation culturelle pour celle d’action culturelle et devient alors directrice du Service de l’action culturelle et des relations avec les musées québécois. Elle y implante dès lors une philosophie axée sur l’ouverture, le partage, le partenariat, l’originalité et l’innovation. Sous sa direction s’élabore une programmation donnant la parole aux citoyens et aux créateurs et abordant des sujets complexes et délicats par l’entremise de spécialistes. Le travail accompli est immense alors qu’encore aujourd’hui l’équipe de neuf personnes qu’elle dirige produit près de 350 activités et événements à chaque année. Résolument contemporaine, l’influence de cette grande dame de la muséologie québécoise fera école non seulement au Québec, mais également à l’international, où elle jouit d’une solide réputation. À ce parcours, déjà unique, s’ajoute un apport indéniable au développement du réseau muséal québécois par son passage au conseil d’administration de la SMQ, dont cinq ans à la présidence. Parmi les réalisations de la SMQ durant cette période, vient en tête de liste l’obtention d’une politique muséale québécoise Vivre autrement… la ligne du temps. Le long chemin menant vers cette politique, la SMQ l’aura franchi en grande partie sous sa présidence avertie et efficace.
PRIX EXCELLENCE – GROUPE INSTITUTIONNEL 1 : Centre des sciences de Montréal
Dans le groupe institutionnel 1, le Prix Excellence a été décerné au Centre des sciences de Montréal pour la production Sexe : l’expo qui dit tout! Par son propos audacieux, son respect de la clientèle visée et sa rigueur scientifique, l’exposition a surpassé les normes habituelles de la pratique muséale. La qualité exceptionnelle de cette production transparaît notamment par son approche franche et pertinente d’un sujet délicat et qui démontre le savoir-faire certain de cette institution œuvrant auprès des jeunes depuis maintenant dix ans. Le caractère inventif, novateur et sensible de l’exposition a fourni l’occasion de présenter aux visiteurs une image positive de la sexualité, de répondre aux questions et aux préoccupations de la clientèle adolescente et de lui faire découvrir ce que la science révèle de la sexualité. L’une des réussites les plus remarquables de l’exposition est sans contredit son grand impact au Québec qui a, en partie, nourri le débat ayant mené à la réintroduction prochaine des cours d’éducation sexuelle dans les écoles. Force est de constater que l’aspect éminemment social de cette exposition positionne d'emblée le rôle des musées dans la société. Par ailleurs, les vidéoclips produits dans le cadre de ce projet sont actuellement présentés au Botswana. L’exposition fut aussi l’objet d’une itinérance à Régina, au Saskatchewan Science Centre.
PRIX EXCELLENCE – GROUPE INSTITUTIONNEL 2 : Boréalis, centre d'histoire de l'industrie papetière
Boréalis, centre d’histoire de l’industrie papetière, a reçu le Prix Excellence dans la catégorie institutionnelle 2 pour son projet intégrant le redéploiement du Centre d’exposition sur l’industrie des pâtes et papiers et le renouvellement complet de ses expositions. En 2008, le Centre a entamé une réflexion stratégique sur son avenir qui a mené à une révision de sa mission et de son identité. Le projet de redéploiement a, dans un premier temps, permis la récupération d’une ancienne usine de filtration d’eau désaffectée appartenant à la Canadian International Paper (CIP). Le choix de cet établissement, construit au début des années 1920, et l’approche privilégiée par l’institution tablent dès le départ sur les caractéristiques architecturales du bâtiment et la sauvegarde de ses mécanismes originaux qui lui confèrent un haut degré d’authenticité. L’opération de relocalisation est également un exemple en matière d’intégration réussie entre design et patrimoine. La seconde phase du projet, soit le renouvellement complet des expositions de l’institution muséale, tend à repousser les limites de l’interprétation. Appuyées par une muséographie recherchée et résolument contemporaine, les expositions, dont l’exposition permanente Racines et identités, invitent les visiteurs à vivre la grande aventure du papier au Québec. Au final, le redéploiement et le renouvellement complet des expositions a nécessité la participation de plus de 300 travailleurs, professionnels, artisans, ingénieurs, muséologues, designers et entrepreneurs généraux, ce qui en fait le plus important projet de mise en valeur du patrimoine industriel des dix dernières années au Québec.
PRIX EXCELLENCE – GROUPE INSTITUTIONNEL 3 : Centre d'exposition de l'Université de Montréal
Dans le groupe institutionnel 3, le Prix Excellence a été décerné au Centre d’exposition de l’Université de Montréal pour l’exposition multiplateforme Art pour tous – Les œuvres publiques de l’Université de Montréal s’exposent. L’exposition est à la fine pointe des pratiques muséales et résolument tournée vers une plus grande démocratisation du savoir. L’impact du projet, déjà perceptible en ce qui a trait à la conservation et à la restauration des œuvres, est d’autant plus réjouissant qu’il se manifeste autour d’un sujet visant à faire connaître et à vulgariser l’art public. Pour ce faire, l’institution a sollicité l’aide de professeurs spécialistes de l’art public et d’étudiants en histoire de l’art. Cette dernière a fait preuve de stratégie en impliquant dans le projet des partenaires de la communauté universitaire permettant ainsi de susciter un intérêt renouvelé pour les œuvres occupant l’espace public du campus. Le jury a apprécié la pertinence et la qualité des nombreux outils d’interprétation présentant les 41 œuvres et les 33 artistes majeurs figurant au sein de la collection. Le site Internet propose une véritable exposition virtuelle comprenant de nombreux renseignements relatifs aux œuvres, aux artistes et aux bâtiments. L’exposition multiplateforme permet également de faire des visites autoguidées sur le campus à l’aide de capsules de baladodiffusion scénarisées et organisées en six parcours différents. Il est aussi possible de télécharger et d’imprimer, sur le site Internet, un carnet de visite comprenant une carte du campus ainsi que la liste des œuvres à découvrir.
PRIX PUBLICATION : La Planète mode de Jean Paul Gaultier
Le jury a décerné le Prix Publication 2011 à La Planète mode de Jean Paul Gaultier. De la rue aux étoiles, publiée par le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), en collaboration avec les Éditions de la Martinière et Abrams. Les membres du jury ont considéré que cette publication répond de manière éloquente, voire spectaculaire, à ses critères d’excellence dans un hommage à un grand couturier de réputation internationale, surnommé « l’enfant terrible de la mode ». Tiré à près de 23 000 exemplaires, l’ouvrage, méga catalogue d’une exposition tout aussi exceptionnelle, souligne les trente-cinq ans de carrière du créateur que la directrice du MBAM, Mme Nathalie Bondil, qualifie fort pertinemment de « couturier humaniste ». De conception originale, on y trouve une cinquantaine de témoignages exclusifs de personnalités, souvent des artistes, l’ayant côtoyé et pour lesquelles il signera des œuvres de haute couture qui leur collent à la peau. Si le panache de ce catalogue correspond tout à fait à son sujet, il fait également place à des contenus scientifiques liés à l’histoire de la mode. Véritable livre d’art (avec ses 424 pages, ses 550 illustrations et son coffret de présentation remarquable) cette publication, sous la direction de Thierry-Maxime Loriot, commissaire de l’exposition, a été initiée, conçue, réalisée et imprimée au Québec sous la direction des Éditions scientifiques du MBAM.
PRIX AUDIOVISUEL ET MULTIMÉDIA TÉLÉ-QUÉBEC : Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke
Pour la justesse de ses approches et la richesse de ses contenus, pour sa réalisation exceptionnelle et l’utilisation exemplaire et créative des technologies par la firme Idées au cube, le jury a décerné le Prix Audiovisuel et multimédia Télé-Québec 2011 au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke pour son spectacle multimédia Terra Mutantès. Le projet constitue un exemple éloquent d’innovation et de rigueur, unissant l’expertise interne d’un musée à celle d’un solide comité de validation scientifique et celle d’une firme québécoise reconnue pour la qualité de ses réalisations en matière de productions multimédias. Le spectacle multimédia, interactif et multisensoriel, fait vivre aux visiteurs un parcours immersif époustouflant de 400 millions d’années, en 20 minutes, grâce à un concept, un scénario et une réalisation de haut niveau. Le spectateur voyage des profondeurs d’un océan à des champs de lave provoqués par la collision des continents. Il assiste à l’arrivée des dinosaures, suivie des glaciers, et même à l’apparition des premiers humains sur ce territoire. Les membres du jury ont grandement apprécié les qualités technologiques du projet et le fait qu’elles soient toujours mises au service de contenus rigoureux.
PRIX RELÈVE : VICKY CHAINEY GAGNON
Impressionné par la rigueur et la richesse du parcours de la lauréate, le jury a retenu la candidature de Vicky Chainey Gagnon, conservatrice de la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, comme récipiendaire du Prix Relève 2011. Le parcours de la lauréate débute en 2005. Dès lors, elle expérimente, par divers projets, la voie d’une muséologie critique passant par la réalisation d’expositions et par la médiation de l’art contemporain. Parmi ses réalisations, soulignons son premier projet à la Galerie d’art Foreman consistant en une série d’expositions ayant pour titre Le Temps qui lui permet d’explorer le cinéma, la vidéo et la performance, sous l’angle de formes artistiques temporelles. De 2005 à 2008, elle codirige un important projet international à la croisée de l’art et de la médecine et agira à titre de directrice de la publication issue de l’événement. Cette publication remportera un Prix Grafika pour sa haute qualité. En 2009, elle lance son projet de Laboratoire communautaire d’art qui se positionne à la frontière de l’art, de l’éducation et du développement communautaire. Chaque année, le Laboratoire communautaire d’art organise de six à huit événements pour mieux connaître les expositions de l’institution, élargir son public et participer au développement de la collectivité. Passionnée par le domaine des musées et de l’exposition, la lauréate effectue, en 2008, un retour aux études, tout en poursuivant son travail de conservatrice. Elle entreprend alors, à l’Université du Québec à Montréal, un doctorat en muséologie, d’où émerge une série d’expositions basées sur des formes expérimentales de médiation dans l’espace d’exposition.
UNE ŒUVRE DE FRANÇOIS MORELLI
Chaque année, les lauréats reçoivent une œuvre originale réalisée par un ou une artiste de la région qui accueille le congrès de la SMQ. Pour l’édition 2011, la conception et la réalisation des œuvres, qui unissent avec audace la brique et le bronze, portent la signature de l’artiste François Morelli.
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