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Le Musée des Ursulines de Québec. Art, foi et culture - IMPRIMÉ

Christine Turgeon. Le Musée des Ursulines de Québec. Art, foi et culture. Québec : Monastère des Ursulines de Québec, 2004, 55 pages. ISBN : 2-921-395-08-8

Sous la plume de Christine Turgeon, directrice et conservatrice du Musée des Ursulines de Québec, le Monastère des Ursulines vient de publier un ouvrage incluant des renseignements pratiques et une bibliographie sélective, intitulé Art, foi et culture. Cette publication à la présentation très soignée comporte des illustrations abondantes et traduit avec fidélité l’esprit dans lequel la collection du musée a été constituée et mise en valeur avec le temps. Une de ses grandes qualités est de rendre accessible un pan non négligeable de notre patrimoine culturel et de nous dévoiler des témoins privilégiés du système d’éducation conjugué au féminin qui a forgé une partie de notre identité culturelle.

Le livre comporte trois chapitres thématiques, d’abord le musée comme maison en location ou servant de refuge pendant les incendies, puis successivement, séminaire, externat, école, juvénat et provincialat; deuxièmement, l’histoire du musée comme lieu de diffusion au public et enfin, la collection du musée. À travers ces pages, c’est une partie de l’histoire de la muséologie québécoise qui se voit retracée. En effet, l’histoire des collections muséales au Québec est intiment liée à celle des communautés religieuses. Tant par leur mission éducative que médicale ou scientifique dans la société émergeante de la Nouvelle-France, plusieurs communautés religieuses ont eu le souci de préserver des œuvres et objets permettant de transmettre leur culture et leur savoir-faire aux générations futures.

Il s’avère impossible de présenter le Musée des Ursulines sans évoquer l’histoire de ces femmes déterminées, arrivées en Nouvelle-France en 1639, pour fonder le premier monastère voué à l’éducation des filles et à l’évangélisation des Amérindiennes. Avec dans leurs coffres de voyage, la permission de Louis XIII, roi de France, ainsi que le contrat de fondation et de concession de terrain, ce groupe de cinq femmes s’installe dans ce qui deviendra le cœur de la ville de Québec. Trois religieuses dont Marie Guyart de l’Incarnation et deux ursulines de Tours et de Dieppe ainsi que deux laïques, Madeleine de Chauvigny de la Peltrie, riche veuve d’Alençon et sa servante Charlotte Barré, constituent le noyau fondateur de la communauté des Ursulines concernée, encore aujourd’hui, par l’éducation des jeunes filles.

L’idée d’ouvrir au monastère un musée permanent accessible au public s’est concrétisée dès 1936 alors que les Ursulines procèdent à l’inauguration officielle de leur premier musée le 24 juin. Ce musée sert aussi de prétexte pour rendre hommage à Marie de l’Incarnation et à toutes ces femmes qui, pendant près de 300 ans, ont fourni à la société un modèle impeccable d’éducation féminine. Les Ursulines choisissent pour établir leur musée l’emplacement de la maison dite de madame de la Peltrie, bienfaitrice et fondatrice de la communauté. Cette section de l’édifice a l’avantage d’offrir un accès indépendant du monastère et de préserver ainsi leur intimité. D’un musée permettant un contact privilégié avec près de 300 objets au statut de musée-archives qui a un mandat de conservation plutôt que de diffusion, on aboutit dans les années 1960 à l’ouverture du Centre Marie-de-l’Incarnation qui célèbre de surcroît le 325e anniversaire de l’arrivée des Ursulines en Nouvelle-France. À ce moment, le musée est plutôt « une création satellite à l’existence du centre de spiritualité » (p.19).

Après la réforme du Concile de Vatican II (1962-1965), les Ursulines renoncent à la vie cloîtrée tout en maintenant leur apostolat consacré à l’éducation des filles. Dès lors, la mission d’interprétation de leur patrimoine auprès du public se consolide, notamment avec l’appui du ministère des Affaires culturelles. C’est d’ailleurs en 1979 que le Musée reçoit de ce ministère son accréditation et sa première subvention au fonctionnement. Avec sœur Gabrielle Dagneault, docteure en histoire de l’art, à sa direction, le musée des Ursulines rompt avec sa fonction pastorale et s’oriente vers une mise en valeur culturelle et sociale du patrimoine des Ursulines. La collection, qui fait l’objet de recherches approfondies en vue de la documenter, devient alors un outil de communication privilégié et ce, jusqu’au tournant des années 90 où l’ensemble de la muséologie québécoise connaît un nouveau souffle.

C’est alors que l’équipe du musée sent le besoin de rajeunir les modes de communication entre les Ursulines et le public, en montrant un message moins traditionnel mais toujours dans le respect de la vision de la communauté. La nouvelle directrice propose une nouvelle exposition permanente et crée le service éducatif.

Le dernier chapitre du livre porte sur la collection du Musée dont l’intérêt dépasse la simple histoire d’un ordre religieux ayant contribué avec les Augustines, les Jésuites et quelques colons à la constitution de la société québécoise. Cette collection institutionnelle comporte des témoins majeurs des savoir-faire artistiques et artisanaux des Ursulines ainsi que des œuvres représentatives de différentes époques historiques comprises entre le 17e et le début du 21e siècle. Elle comprend certes des œuvres d’art célèbres dans l’histoire de l’art québécois : peintures, sculptures, œuvres sur papier, orfèvrerie, mais une autre partie importante de la collection comprend également des objets ethnographiques fort intéressants comme les boîtes brodées d’inspiration mi’kmaq du 19e siècle ou le wampum en perles de verres, cuir et coton datant du 18e siècle. En somme, ornements liturgiques, objets ethnographiques, objets pédagogiques, instruments scientifiques et instruments de musique sont autant d’éléments « utilitaires » chargés de significations conservés dans cette riche collection québécoise.
 

Bref, si le Musée se positionne d’abord comme un lieu identitaire et de mémoire pour la communauté des Ursulines, il constitue pour l’ensemble de la société québécoise un bel exemple d’innovation dans le respect de la tradition ou de maintien de la tradition dans un esprit d’innovation.

Il est possible de commander cet ouvrage offert en version anglaise et française, au coût de 10 $, en communiquant avec le Musée (par téléphone : 418 694-0694, par courriel :murq@bellnet.ca) ou de se le procurer directement sur place.

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