Une politique muséale lucide et cohérente
La Société des musées québécois accueillait enfin, hier matin, la très attendue politique muséale lancée par madame Agnès Maltais, ministre de la Culture et des Communications. Rappelons que les musées et les muséologues du Québec revendiquent depuis une douzaine d'années cette politique qui devrait contribuer à la consolidation d'un milieu qui a en a bien besoin et qui est prêt à relever les défis pour un nouvel essor.
La Société des musées québécois constate avec satisfaction que le document, rendu public par la Ministre, tout en faisant état des qualités du secteur muséal, reconnaît les grandes difficultés auxquelles celui-ci est confronté. Le diagnostic est lucide et rend bien compte des carences en matière de ressources humaines, de besoins spécifiques pour les collections et de moyens financiers adéquats pour renouveler expositions, produits éducatifs et culturels, mise en marché. Bref, le milieu muséal s'est fait entendre et le message a été reçu par le Ministère : l'articulation des orientations de la politique muséale est cohérente avec le diagnostic.
Il faut dire que la Société des musées québécois a été très présente tout au long du processus d'élaboration de la politique. Tout en reconnaissant la maîtrise d'oeuvre du Ministère, il lui importait de s'assurer que le document répondrait aux attentes et besoins des musées: consolidation (situation des ressources humaines), reconnaissance et appuis aux fonctions muséales dont tout ce qui concerne les collections (recherche, acquisition, restauration, informatisation, numérisation conservation), partenariat, réseau. En filigrane, il allait de soi pour les musées que leur travail n'a de sens que s'il est dirigé et fait pour les visiteurs.Si l'amorce de cette politique est de bon augure, il faut néanmoins préciser que les crédits supplémentaires obtenus lors du dernier budget ne sont pas récurrents. La Ministre a annoncé qu'il s'agissait là d'une première phase pour redonner du souffle aux institutions muséales, ce qui sous-entend que toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour réaliser les mesures du plan d'action proposé. À ce chapitre, la Société des musées québécois poursuivra son action pour obtenir la récurrence et l'accroissement des budgets consacrés aux musées, budgets qui leur permettront de jouer pleinement et correctement tous leurs rôles : gardiens de la mémoire des sociétés, acteurs culturels et sociaux, moteurs économiques, agents d'éducation.
Le dépôt de la politique muséale est un geste par lequel le gouvernement inscrit formellement l'importance du secteur muséal dans le monde de la culture québécoise. Pour la Société des musées québécois, outre le fait que l'État soutienne le secteur muséal, il était essentiel d'aller plus loin; en se dotant d'une politique formelle, le Ministère a dorénavant l'obligation de résultats. Ce geste gouvernemental ouvre des perspectives prometteuses pour les musées : nourris du passé, ancrés dans le présent, tournés vers l'avenir, les musées du Québec sont des institutions phares nécessaires à une société comme la nôtre.
Pour la Société des musées québécois, la politique muséale Vivre autrement… la ligne du temps recèle de nombreuses vertus, dont celle d'un regard lucide sur la situation, celle de la cohérence et de la pertinence des orientations, celle du respect à l'égard de l'autonomie des musées. Elle s'inquiète cependant de l'absence immédiate d'un soutien accru pour le fonctionnement des musées visant leur consolidation en matière de ressources humaines et, également, de la mise en œuvre de la politique, par phases et selon un échéancier qui n'est pas fixé, tributaire des crédits qui y seront affectés. La Société des musées québécois sera présente et vigilante parce qu'elle a la conviction que le signe que vient de donner la Ministre à la société québécoise doit se concrétiser dans un avenir prochain pour qu'enfin cesse la fragilisation des musées.
Les musées entrent de plain-pied dans le XX1e siècle et tout est possible!
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